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Hugstein

La construction du château du Hugtein est attribuée à Hugues de Rothenburg, abbé de Murbach, autour de 1230à un emplacement stratégique permettant de défendre la route reliant Murbach à Guebwiller.
Plusieurs abbés de Murbach sont seigneurs du château et y résident, notamment le prince-abbé Stoer de Stoerenburg entre 1377 et 1387. Ce dernier fait reconstruire les bâtiments probablement détruits du passage dans la région des troupes anglaises d'Enguerrand de Coucy. Il en est de même pour le prince-abbé Barthélémy d'Andlau restaure le château en 1457 et y réside jusqu’à sa mort en 1476.
Le château sert de résidence princière pour des abbés comme Achatius de Griessen ou encore Georg de Masevaux, qui fait reconstruire le château alors tombé en ruines en 1514 pour y séjourner de 1516 à 1520.
Un conflit oppose le doyen du chapitre de Murbach, Henri de Jestetten, avec le prince abbé Rodolphe de Stoer. Ce dernier s’empare finalement du château l'endommageant. Le château n’est plus habité mais sert encore quelques temps de prison au 17e siècle, puis de carrière de pierres pour la construction d’habitations au 18e siècle.
Des travaux de consolidations ont lieu vers 1862 puis 1929. Le château est classé monument historique depuis 1898.
Le château, situé à 389 mètres d'altitude, propose un plan rectangulaire à l'intérieur duquel se trouve le corps de logis. Il dispose d’une particularité : un donjon rond légèrement débordant, encastré dans le mur d'enceinte qui sert de bouclier.
Ce donjon cylindrique, apparu lors de la construction initiale du château, est rare en Alsace, avec un diamètre de 10 mètres. Sa partie haute a disparue à cause de son utilisation comme carrière de pierres à partir du 18eme siècle.
En 1313 le prince - abbé Conrad von Stauffenberg fait construire une chapelle castrale dédiée à la Sainte Croix et à Saint Benoît dans le château haut.
Le logis principal en ruine devait comporter deux voire trois étages, tandis que l'ensemble défensif est constitué d'un rempart aux angles arrondis, donnant l'impression de tours cylindriques.
En 1457, l’abbé Barthélémy d’Andlau y ajoute deux tours. C'est de cette époque que date la porte renaissance, couronnées d'arcatures, par laquelle on accède à l'intérieur de la cour.
Le poste de guet voûté de briques de la porte du château est daté de sa restauration au 19e siècle.
Une association « Pro Hugstein » est créé en 2006 avec les objectifs de sécuriser, consolider, restaurer et de conserver la ruine du Hugstein, un monument historique important dans la région.
En 2017, des travaux de sauvegarde du château du Hugstein sont approuvés par le Conseil Municipal de Buhl et la de Guebwiller.
Des fouilles archéologiques ont été réalisées en 2024 sur la partie du logis et de l'enceinte.
Barnabas et le diable
Barnabas, un seigneur tyrannique résidant au château du Hugstein, disparut mystérieusement lors d'un banquet qu'il offrait à de nombreux convives. Alors que la fête battait son plein, Barnabas quitta la salle et ne revint pas, suscitant l'inquiétude des invités. Après l'avoir cherché partout, ils le trouvèrent finalement mort dans une pièce fermée à clé, le cou tordu et un énorme chat noir s'échappant par la fenêtre.
Le lendemain, lors de son enterrement, le cercueil, anormalement lourd, fut rouvert après que les chevaux n'arrivèrent plus à le tirer. À la stupéfaction générale, le corps de Barnabas avait disparu, remplacé par un grand scarabée noir qui s'envola en bourdonnant. La légende dit que le diable avait non seulement pris l'âme de Barnabas, mais aussi son corps. Depuis, l'endroit est connu sous le nom de "près de la croix de Barnabas", bien que la croix elle-même ait disparu depuis longtemps.
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La mort « diabolique » de Barthélemy d’Andlau abbé de Murbach
Un événement terrible s’est produit à Guebwiller. Il faisait nuit lorsque Bartholomeus d’Andlau, prince de Murbach, se rendit dans sa chambre au château de Hugstein. Il s’assit sur une chaise et s’entretenait avec son valet de chambre de choses banales, quand la lumière s’éteignit. Le valet de chambre prit la chandelle pour aller la rallumer. Lorsqu’il revint avec la lumière dans la chambre où se trouvait monseigneur, il vit avec effroi qu’un chat noir s’était étendu au travers de la gorge du prince et l’avait étranglé. Le valet de chambre quitta la pièce pour mettre le personnel au courant. Puis on procéda avec le corps comme il se doit : on le mit dans un cercueil. De grand matin, le corps fut transporté à Murbach, sur un chariot attelé de quatre chevaux robustes, qui peinaient tellement qu’ils étaient en sueur, à la stupéfaction de tous les présents. Arrivé à l'église de Murbach, selon la coutume, on ouvrit le cercueil, mais le cadavre ne s'y trouvait plus. Que Dieu nous garde de la male mort subite.
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Le diable et les chevaliers brigands du Hugstein
Les anciens châtelains du Hugstein étaient à une certaine époque des chevaliers pillards qui menaient une vie de rapine et de débauche, et qui s’étaient vendu corps et âme au démon. L’heure approchant où le Malin devait les chercher, celui-ci déguisé en marchand, entra dans la vallée avec une riche cargaison de marchandises. À peine fut-il arrivé dans le voisinage du Hugstein, que les pillards tombèrent sur lui, s’emparèrent du cheval et de la voiture, et jetèrent le soi-disant marchand dans le plus sombre cachot du château.
Vers le soir un domestique vint s’assurer de l’état du prisonnier et lui apporter sa ration de pain et d’eau, avec un peu de paille pour sa couche. Tout cela ne devait pas trop sourire au diable, et il dit au domestique : « Ah çà ! Mon cher, dis donc à tes maîtres que je ne suis pas habitué à si maigre pitance ; qu’ensuite il me faut aussi de la société et que, s’ils veulent bien me le permettre, j’irai volontiers, après le souper, leur faire passer le temps par quelques tours de ma façon ».
Les chevaliers curieux de faire sa connaissance et ne demandant pas mieux que rire, y accédèrent de grand cœur, et le prisonnier sut en effet les égayer par toutes sortes de tours, jusqu’au moment où l’horloge du château sonna minuit. Alors il tira de sa poche une toute petite fiole bleue qu’il posa sur la table, et au même moment la table vola en éclats avec un fracas épouvantable, la voûte s’effondra et tout le château fut ébranlé. Mais déjà le diable avait saisi les chevaliers et les avait emportés à travers les airs.
Le lendemain, lorsque le soleil se leva sur le Hugstein, il n’éclaira plus qu’une affreuse ruine.